Lundi 14 novembre, Cyrille Moreau et Jean Baptiste Gastinne, respectivement vice-président de la Métropole Rouen Normandie et de la Région Normandie en charge des transports, ont annoncé la mise en place de l’intégration tarifaire. Analyse de SOS Gares.
1. De nombreuses questions
Dans l'article paru dans 76actu, il est difficile de comprendre ce qui va être réellement mis en place. Est ce que seuls les titulaires d’un abonnement annuel au réseau Astuce pourront monter dans le train sans s'acquitter d’un billet de train pour voyager au sein de la Métropole ? Est ce que cette mesure implique également les abonnements mensuels ou les titulaires d’un titre pour 1 voyage, 10 voyages ou 24h ? Tout cela est très flou.
2. Pourquoi valider son titre de transport par téléphone ?
« Hors de question d’installer des systèmes de validations spécifiques en gare ou au sein des trains : ça ne marchera pas » explique l’élu écologiste. Il préfère un système qui se trouverait par téléphone. SOS Gares critique ce choix pour plusieurs raisons. Tout d’abord, une part de 30% de la population française souffre d’illectronisme et n’a pas accès aux outils numériques nécessaires pour utiliser ce service. SOS Gares s’est associée à la plainte déposée par Convergence Nationale Rail contre la SNCF pour rupture d’accès au service public ferroviaire du fait de la fermeture de nombreux guichets SNCF.
3. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?
Il est expliqué dans un premier temps dans l’article que l’intégration tarifaire est facile à mettre en place puis dans un deuxième temps qu’il faudra attendre le premier semestre 2024 à cause du choix de proposer la validation exclusivement de son titre de transport par téléphone et par conséquent l’ouverture du système « Maas » (Mobility as a Service ou Mobilité comme service). Une attente de plus d’un an alors que cette mesure en faveur du pouvoir d’achat et du climat devrait être mise en place immédiatement face à l’urgence de la situation et à la nécessité de mettre en place un service express métropolitain dans ce qui pourrait être la première étape ainsi que de remettre les trains supprimés sur le Ter Yvetot/Elbeuf et rétablir l’arrêt de Saint-Martin-du-Vivier..
4. Pourquoi ne pas copier les autres modèles en France comme Nantes où ça marche ?
Afin de développer les pratiques d’intermodalité dans les transports collectifs de voyageurs, la Région des Pays de la Loire et Nantes Métropole ont mis en œuvre dès janvier 2000 une intégration tarifaire TAN/TER sur le ressort territorial de Nantes Métropole. Cette opération a vu le nombre de voyages payants effectués quotidiennement sur le réseau TER, passer de 500 en 2001, à 3 017 voyages en 2007 puis 6 143 en 2018. Les enquêtes font apparaître une utilisation massive des titres TAN sur le ressort territorial avec près de 80 % des voyages réalisés avec une tarification urbaine. La TAN (équivalent de la TCAR) a choisi d’installer 33 valideurs. Pourquoi prendre le risque d’exclure une partie de la population alors que l’expérience nantaise montre bel et bien que valider un ticket est un geste simple contrairement à ce qu’affirme Cyrille Moreau ? Il existe d’autres exemples d’accords tarifaires par exemple à Grenoble ou Lille, permettant aux voyageurs d’utiliser les TER avec les titres de transports urbains et ce depuis plus de 20 ans (1999 à Grenoble).
5. Combien de valideurs a-t-on besoin ?
Il faudrait 6 valideurs à la gare de Rouen, 2 à Maromme, 1 à Malaunay, 1 à Sotteville en bas de la passerelle, 1 à Saint-Etienne-du-Rouvray en bas de la passerelle (voir illustrations), 1 à Oissel, 1 à Tourville, 1 à Saint-Aubin-lès-Elbeuf. Parmi ces gares, beaucoup sont des terminus de lignes majeures du réseau Astuce, d’autres n’ont aujourd’hui toujours pas de composteurs. Est-ce que nos décideurs vont vraiment faire perdre un an de précieuses économies aux habitants de la Métropole de Rouen pour 14 valideurs ? Pour information, à la seule gare de Nantes, on trouve 15 valideurs.
X : emplacement valideur Astuce
6. Allez plus loin
La Métropole Rouen Normandie a décidé de rendre les transports gratuits les samedis et les jours de pic de pollution, comme première étape à un programme plus ambitieux de rendre les transports en commun accessibles à tous. Actuellement, cette disposition peut être utilisée à l’aide de la validation d’un titre de transport unique. Cette possibilité sera-t-elle offerte par le train avec le système d’intégration tarifaire qui sera mis en place ?
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