top of page
Photo du rédacteurSOS Gares

Tribune libre - "LNPN, SERM, Fret SNCF... Le ferroviaire public mérite mieux que ça !"

Les enjeux sous-tendus par le ferroviaire méritent mieux que ce que nous laissent à contempler et à entendre dans la période nos élites politiques. Assez d’esbroufe, de ces effets d’annonces et autres postures d’un autre temps, elles n’ont que trop durées ! C’est d’un débat public apaisé et de réels actes en phase avec les discours éco responsables pour agir concrètement et rapidement dont les citoyens, utilisateurs ou non du train, ont besoin !

C’en est fini de la « nouvelle donne » annoncée en février 2023 par Élisabeth Borne et de son plan de développement et de modernisation des infrastructures ferroviaires à 100 milliards d’euros qui l’accompagnait d’ici à 2040. Michel Barnier, deuxième Premier ministre à lui succéder depuis, dans son discours de politique générale de mardi 1er octobre, l’enterre bel et bien. Feu les préconisations contenues dans le rapport du Conseil d’orientation des infrastructures (COI) qui avait, à l’époque, précédé cette annonce de Matignon. L’ambition de privilégier les transports collectifs du quotidien, notamment les projets de RER métropolitains, est supplantée par un « effort sur les courts trajets » et une volonté de « faire beaucoup avec peu.» Comme pour les réels contributeurs financiers, autres que les usagers et les cheminots qui en connaissent déjà le prix à payer, le tout est pour le moins opaque et ne nous dit rien qui vaille. De là à y voir un retour à quai et la persistance du stationnement du rail français en dernière position du classement européen des investissements dans les infrastructures ferroviaires par habitant, il n’y a qu’un pas, de trop pour nous dans ceux déjà perdus dans les salles du même nom de nos gares.

Du reste, cet immobilisme prévaut dans la dénonciation du projet de la ligne nouvelle Paris Normandie (LNPN) de la part de Mme Valérie Pécresse, Présidente du Conseil Régional d’Île-de-France, et sa majorité. Là encore, nous ne sommes pas à une contradiction près. Ainsi, après avoir soutenu l’annonce du président Sarkozy en juin 2009 d’une ligne à grande vitesse apte à la circulation de TGV, désormais elle fait marche arrière toute alors que ce projet, plus en phase avec le kilométrage à parcourir, a été remanié à la suite d’un débat public. Ce n’est ni sérieux ni responsable ! Et encore moins quand ce revirement ne s’accompagne pas de propositions pour répondre aux attentes des usagers franciliens comme normands. Au passage, quid du défi climatique et de la dépense publique d’ores et déjà engagée en millions d’euros dans le financement des deux premières phases des études préparatoires. En ces conditions, quel crédit à accorder aux propos du chef du gouvernement quant à la dette écologique et financière, les deux, à l’écouter, se faisant véritables épées de Damoclès au-dessus de nos têtes ? Enfin, quelles suites seront données à ces études dont le Conseil métropolitain de la Métropole Rouen Normandie vient de voter une enveloppe d’un million d’euros afin de les poursuivre. « Ligne de crête » ou pas, tout cet argent du contribuable ne saurait l’avoir été à fonds perdus ! Encore moins quand on sait que dans l’immédiat des alternatives crédibles d’amélioration de l’actuel réseau, complémentaires aux travaux en cours sur les nœuds ferroviaires de la ligne SNCF Paris / Rouen, revendiquées par les cheminots et notre association existent sur la totalité de cet axe ferré jusqu’en gare du Havre.

Il en va de même vis-à-vis du Service Express régional Métropolitain de Rouen (SERM). Rappelons que ce dernier, attendu par nos concitoyens et qui a l’assentiment de nombre de Conseils municipaux dans et hors de cette agglomération, peut connaître de premières réalisations rapides, aux coûts maîtrisés. En outre, la totalité du projet de SOS Gares, électrification complète à la clef, a une réalisation pensée par étapes, soutenable financièrement et crédible quant à l’horizon de sa mise totale en service. Enfin, la décision de mettre fin au contournement autoroutier de l’Est de Rouen avec le report des crédits qui y sont fléchés par les conseils régional de Normandie et départemental de Seine-Maritime peut contribuer à accélérer cette alternative publique par rail au tout routier.

Disons aussi pour être cohérent avec l’ensemble du sujet, que l’on ne peut s’émouvoir de cette décision de mettre fin à la LNPN vis-à-vis du fret ferroviaire sur notre région sans se positionner réellement pour sa relance, là encore possible pour peu que l’on en ait la volonté politique. Avec le transport de céréales, de conteneurs, de déchets nucléaires, d’automobiles, de produits issus de la pétrochimie et de la chimie, de la métallurgie, des carrières, etc… la logistique occupe une place prépondérante en Normandie. La nécessité, aujourd’hui, de rendre plus efficace et performant ce secteur d’activité, pourvoyeur d’emplois, constitue un enjeu autant écologique qu’économique. Pour ne s’en tenir qu’aux deux grands ports maritimes seinomarins de l’axe Seine que sont Rouen et Le Havre, cela passe par les doter de solutions de « pré et post-acheminement » ferrées, fiables et massifiées au service de la desserte de leurs hinterlands respectifs. Pour ce faire, la remise à niveau du triage SNCF de la gare de Sotteville est incontournable et se fait pressante avant même le doublement annoncé dans la presse par HAROPA PORT, il y a deux ans, d’un trafic de conteneurs au Havre qui pourrait passer avant 2030 de 3 à 6 millions d’unités. Outre de permettre à ces transports de trains complets, l’accès à toutes les voies de services de ce triage pour y réaliser des opérations de stationnement, de tri, de manœuvre, de formation et de relais, etc… ce dernier constituerait un hub de grande capacité, en proximité de deux grands ports maritimes, véritable fer de lance des mobilités de demain, à l’instar de ceux en place à Anvers et Rotterdam.

La nouvelle organisation du gouvernement fait que le secteur du transport, le plus émetteur de gaz à effet de serre est dorénavant placé sous la responsabilité du ministère du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, ce qui ne nous paraît pas, et pour le moins, anodin vis-à-vis des collectivités locales. Convergence Nationale Rail (CNR), à laquelle SOS Gares est affilié, vient de s’adresser par courrier à Mr François Durovray, ministre délégué en charge des Transports, et ce avant que ce dernier ait plaidé à Strasbourg une alternative au train en prônant des solutions par cars, ce qui comporterait l’avantage selon lui de moins impacter le budget de l’État. Inutile de préciser que nous récusons cette vision rétrograde et que nous partageons pleinement le contenu de cette lettre de la CNR, complément utile à cette tribune. 

Dixit le Premier ministre : « Nous avons besoin d’écoute, de respect et de dialogue. » Les français attendent de nous que nous regardions la réalité en face. La réalité de nos comptes publics. La réalité de l’impact de notre mode de vie sur l’environnement. » Et de compléter par le proverbe africain cité dans Terre des hommes, d’Antoine de Saint-Exupéry : « Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. » Et de préciser encore : « Il n’y a pas de fatalité tant qu’il n’y a pas de fatalisme. ». Dont acte, à SOS Gares nous ne sommes pas fatalistes !…

Comments


bottom of page